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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/213

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représentée par le pharisaïsme régnât sans contrôle. Bien des hommes avant Jésus, ou de son temps, tels que Jésus, fils de Sirach, l’un des vrais ancêtres de Jésus de Nazareth, Gamaliel, Antigone de Soco, le doux et noble Hillel surtout, avaient enseigné des doctrines religieuses fort élevées et déjà presque évangéliques. Mais ces bonnes semences avaient été étouffées. Les belles maximes de Hillel résumant toute la Loi en l’équité, celles de Jésus, fils de Sirach, faisant consister le culte dans la pratique du bien, étaient oubliées ou anathématisées. Schammaï, avec son esprit étroit et exclusif, l’avait emporté. Une masse énorme de « traditions » avait étouffé la Loi, sous prétexte de la protéger et de l’interpréter.

Les luttes de Jésus avec l’hypocrisie officielle étaient continues. Le réformateur puritain est d’ordinaire essentiellement « biblique, » partant du texte immuable pour critiquer la théologie courante, qui a marché de génération en génération. Ainsi firent plus tard, chez les Juifs, les karaïtes ; chez les chrétiens, les protestants. Jésus porta bien plus énergiquement la hache à la racine. On le voit parfois, il est vrai, invoquer le texte contre les fausses traditions des pharisiens. Mais, en général, c’est à la conscience qu’il en appelle. Du même coup il tranche le texte et les commentaires. Il montre bien aux pharisiens qu’avec leurs traditions ils altèrent gravement le mosaïsme ; mais il ne prétend nullement