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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/234

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dignité, sans compter Kaïapha, qui était son gendre. C’était ce qu’on appelait la « famille sacerdotale, » comme si le sacerdoce y fût devenu héréditaire. Les grandes charges du temple leur étaient aussi presque toutes dévolues. Une autre famille, il est vrai, alternait avec celle de Hanan dans le pontificat ; c’était celle de Boëthus. Mais les Boëthusim, qui devaient l’origine de leur fortune à une cause assez peu honorable, étaient bien moins estimés de la bourgeoisie pieuse. Hanan était donc en réalité le chef du parti sacerdotal. Kaïapha ne faisait rien que par lui ; on s’était habitué à associer leurs noms, et même celui de Hanan était toujours mis le premier. On comprend, en effet, que, sous ce régime de pontificat annuel et transmis à tour de rôle selon le caprice des procurateurs, un vieux pontife, ayant gardé le secret des traditions, vu se succéder beaucoup de fortunes plus jeunes que la sienne, et conservé assez de crédit pour faire déléguer le pouvoir à des personnes qui, selon la famille, lui étaient subordonnées, devait être un très-important personnage. Comme toute l’aristocratie du temple, il était sadducéen, « secte, dit Josèphe, particulièrement dure dans les jugements. » Tous ses fils furent aussi d’ardents persécuteurs. L’un d’eux, nommé comme son père Hanan, fit lapider Jacques, frère du Seigneur, dans des circonstances qui ne sont pas sans analogie avec la mort de Jésus. L’esprit de la famille était altier, audacieux, cruel ; elle avait ce