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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/233

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« Le grand prêtre de cette année, » pour prendre une expression du quatrième évangéliste, qui rend très-bien l’état d’abaissement où se trouvait réduit le souverain pontificat, était Joseph Kaïapha, nommé par Valerius Gratus et tout dévoué aux Romains. Depuis que Jérusalem dépendait des procurateurs, la charge de grand prêtre était devenue une fonction amovible ; les destitutions s’y succédaient presque chaque année. Kaïapha, cependant, se maintint plus longtemps que les autres. Il avait revêtu sa charge l’an 25, et il ne la perdit que l’an 36. On ne sait rien de son caractère. Beaucoup de circonstances portent à croire que son pouvoir n’était que nominal. A côté et au-dessus de lui, en effet, nous voyons toujours un autre personnage, qui paraît avoir exercé, au moment décisif qui nous occupe, un pouvoir prépondérant.

Ce personnage était le beau-père de Kaïapha, Hanan ou Annas, fils de Seth, vieux grand prêtre déposé, qui, au milieu de cette instabilité du pontificat, conserva au fond toute l’autorité. Hanan avait reçu le souverain sacerdoce du légat Quirinius, l’an 7 de notre ère. Il perdit ses fonctions l’an 14, à l’avénement de Tibère ; mais il resta très-considéré. On continuait à l’appeler « grand prêtre, » quoiqu’il fût hors de charge, et à le consulter sur toutes les questions graves. Pendant cinquante ans, le pontificat demeura presque sans interruption dans sa famille ; cinq de ses fils revêtirent successivement cette