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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/79

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devaient être des solitaires, ayant leurs règles et leur instituts propres, comme des fondateurs d’ordres religieux. Les maîtres des jeunes gens étaient aussi parfois des espèces d’anachorètes assez ressemblants aux gourous du brahmanisme.

La pratique fondamentale qui donnait à la secte de Jean son caractère, et qui lui a valu son nom, était le baptême ou la totale immersion. Les ablutions étaient déjà familières aux Juifs, comme à toutes les religions de l’Orient. Les esséniens leur avaient donné une extension particulière. Le baptême était devenu une cérémonie ordinaire de l’introduction des prosélytes dans le sein de la religion juive, une sorte d’initiation. Jamais pourtant, avant notre baptiste, on n’avait donné à l’immersion cette importance ni cette forme. Jean avait fixé le théâtre de son activité dans la partie du désert de Judée qui avoisine la mer Morte. Aux époques où il administrait le baptême, il se transportait aux bords du Jourdain, soit à Béthanie ou Béthabara, sur la rive orientale, probablement vis-à-vis de Jéricho, soit à l’endroit nommé Ænon ou « les Fontaines, » près de Salim, où il y avait beaucoup d’eau. Là, des foules considérables, surtout de la tribu de Juda, accouraient vers lui et se faisaient baptiser. En quelques mois, il devint ainsi un des hommes les plus influents de la Judée, et tout le monde dut compter avec lui.

Le peuple le tenait pour un prophète, et plusieurs