Aller au contenu

Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hier, je descendais précipitamment de chez M. Bessières, qui venait de m’exercer à la lecture d’une pièce, j’allais me rendre à la salle de l’Académie, qui devait avoir une séance solennelle, lorsqu’un des concierges me dit d’aller au parloir de la part de M. le Supérieur. Me voilà embarrassé, mais enfin je me détermine à faire attendre l’Académie, je cours au parloir, et j’y trouve M. Le Vincent qui venait m’avertir de son prochain départ. J’enviai son bonheur, chère maman, mais enfin un si grand plaisir ne peut se procurer tous les ans ! J’ai vu aujourd’hui la très chère Henriette, qui m’a dit qu’elle ne pouvait pas non plus aller revoir sa bonne mère, mais elle m’a consolé en me faisant espérer que vous verriez auprès de vous notre bon frère. Que cela me fait plaisir ! Quel bonheur pour vous, ma chère maman Cela adoucit ma peine, je ne puis vous dire combien. Ce sacrifice, vous sentez bien, coûte beaucoup à mon cœur ; mais ne croyez pas que je sois ni triste, ni découragé, ni abattu ; je saurai me soumettre à la volonté de Dieu, et d’ailleurs mon caractère n’est pas natu-