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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/146

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d’en recevoir d’Henriette Mais, hélas ! je crains bien qu’elles ne soient trop rares. C’est une triste chose d’être séparés de six cents lieues.

Je travaille maintenant à un devoir qui a bien du charme pour moi. C’est une touchante coutume au séminaire, quand on a perdu un élève, de charger un de ses condisciples de faire son éloge funèbre, de rappeler ses vertus, les circonstances de sa vie, etc. Cet éloge est lu dans une séance académique. On m’a chargé d’accomplir ce pieux devoir envers notre cher Guyomard, et assurément il est impossible d’avoir plus ample matière pour les éloges et les regrets. J’y ai déjà travaillé et je l’achèverai pour la prochaine séance. Ces devoirs ont toujours un grand intérêt pour les étrangers, et ce sera pour moi une consolation de me livrer à un travail qui me rappellera le souvenir d’un si excellent ami. Si je suis content de mon ouvrage, j’en garderai un exemplaire pour vous le montrer. Peut-être même serait-11 convenable d’en offrir un à son frère. Mais avant tout, il faut le faire, et quoique le sujet soit bien beau, ce genre est aussi très difficile.