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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/230

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ma bonne mère, le plus tôt possible, s’il vous plaît ! Je me croirai rendu à nos chers entretiens, en lisant encore dans votre cœur. J’éprouve une grande joie en pensant que vous êtes encore auprès de vos chers enfants. J’aimerais bien, je vous l’avoue, à vous y voir continuer votre séjour, si la saison qui s’avance ne me faisait craindre les voyages d’hiver. Je tremble en songeant à l’isolement qui suivra ; pauvre mère, songeons que ce n’est que pour huit à dix mois.

Adieu, ma chère et excellente mère, que ne puis-je encore en vous embrassant vous exprimer mieux que par mes paroles toute ma tendresse et mon respect. Oh ! que j’achèterais cher un baiser de ma mère ! On ne sent bien son bonheur, chère maman, que quand on en est privé. Dieu, qui a fait mon cœur, sait seul combien il vous aime. Adieu, bonne mère, toute ma joie en cette vie.

E. RENAN