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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/290

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la moindre ombre de peine, que je serais heureux de l’acheter même au prix du bonheur de ma vie entière ! Eh quoi ! un quart d’heure de joie causée à ma mère, ou bien un instant de chagrin que je lui aurais épargné ne suffiraient-ils pas pour compenser toutes mes peines ? Il n’y a que le devoir et la conscience qui ne puissent être sacrifiés à rien ici-bas. Oh non ! mère chérie, Dieu ne m’imposera jamais une si cruelle épreuve que de me placer entre ma mère et mon devoir. Toujours ces deux voix sacrées me parleront le même langage, toujours elles me conduiront de concert au bonheur. Maman, ma chère maman, que ne puis-je en ce moment vous voir pour rassurer votre tendresse alarmée ! Pouvez-vous craindre un instant, chère mère, pour le cœur de votre Ernest ! Ne sera-t-il pas toujours bon, pur, élevé, aimant ? Obéira-t-il jamais à d’autres voix qu’à celles du devoir et de la conscience ? Vous paraissez craindre, bonne mère, la nouvelle position que j’avais crue nécessaire pour l’exécution de mes projets. Mais, maman chérie, songez-vous que ce sont ces Messieurs de Saint-Sulpice qui me la