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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/337

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cher et laborieux ami ! Si vous saviez comme il travaille, comme il pense à nous !

J’apprends avec beaucoup de peine, chère maman, que vos maux de tête sont toujours aussi cruels et aussi fréquents. C’est une bien malheureuse disposition de santé dont j’ai complètement hérité, ma bonne mère, et que j’ai retrouvée sous tous les climats. Si j’étais au moins seule à les éprouver ! Mais penser que vous y êtes en proie m’est extrêmement pénible. Et à cet ennuyeux mal il n’y a aucun remède à indiquer ; je sais par expérience qu’il résiste à tous les traitements. Pendant longtemps, j’avais, chaque mois, deux ou trois violentes migraines avec de forts vomissements de bile, et le reste du temps j’étais à peu près tranquille. Maintenant je n’ai plus que très rarement ces grands accidents, mais je ressens dans la tête une douleur à peu près continue qui me semble parfois bien fatigante, et qui me laisse regretter les migraines d’autrefois. Pourquoi faut-il, chère maman, que dans ces mauvais instants je sois réduite à penser que vous souffrez peut-être encore davantage ?