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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/342

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donc quel bien il fait aux vivants. Elle me donne des détails charmants sur Rome et ses monuments. Je ne vous les répète pas, chère mère, car je suis persuadé que vous en avez encore bien plus sur ce sujet dans votre lettre. Mais ce qu’il y a pour nous de plus intéressant, c’est que son retour en France est décidément et irrévocablement arrêté. Si elle ne vous en parlait pas encore dans sa lettre, chère mère, c’est sans doute qu’elle pensait que vous le saviez déjà. Quelle providence, chère mère, qu’elle ait quitté si à temps cette malheureuse Pologne C’est bien là, j’espère, ce qu’on appelle prendre son moment. Avez-vous vu le massacre des seigneurs à Zamoïski même ? Bon Dieu ! j’en ai frémi. Je suis persuadé pour ma part que les Zamoïski étaient informés de tous ces complots, et que le voyage d’Italie n’était qu’un prétexte pour se tirer du grabuge. Il y a plus, chère mère, j’ai idée qu’ils ne retourneront plus en Pologne, et qu’ils vont définitivement retourner en France. Ils seraient bien fous en vérité de remettre le pied sur cette terre malheureuse. Quel bonheur, chère mère, si ce rêve se