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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/343

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réalisait, et voyez pourtant combien il est vraisemblable. Ce qu’il y a de sûr au moins, c’est que dans quelques mois nous aurons embrassé notre amie. N’en doutez plus, chère mère, la chose est indubitable. Ne songeons donc plus qu’à notre bonheur.

Mes travaux, chère mère, avancent avec une rapidité merveilleuse. On dirait que mon bon ange en fait la moitié pour moi tant que je dors. J’ai eu presque la tentation de passer ma licence au mois de juillet ; seulement on m’accorderait peut-être difficilement de passer mon examen si peu de temps après mon baccalauréat. Vous avez vu avec peine, chère mère, que l’époque des examens d’octobre coïncidait malheureusement avec celle où nous goûtions d’ordinaire le bonheur d’être ensemble. C’est vrai, bonne mère, et moi-même j’en suis bien contrarié. Mais cela ne ferait que différer d’assez peu notre bonheur ; car qui m’empêchera d’aller me reposer avec vous, après avoir passé mon examen ? Ce n’est plus comme autrefois où nous étions obligés de nous renfermer dans les vacances. Et puis, chère mère, je vous avoue que pour ma part je