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Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/351

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croire, chère mère, que l’homme naisse sous une étoile fatale, qui lui marque invinciblement sa place dans l’ordre de l’univers. Sa vocation particulière n’est-elle pas celle qui, à chaque phase de son existence, résulte de ses croyances actuelles et des besoins de son cœur ?.

0 ma mère, ô ma mère chérie, vous à qui se rattachent ces pures et célestes pensées, qui gouverneront et soutiendront toujours ma vie, comment vous convaincrai-je que pas une fibre n’a changé dans mon cœur ? Si ma langue ni ma plume ne peuvent trouver de mots pour dévoiler ma pensée, au moins que ce cœur de mère, qui sait deviner par sympathie le cœur de son fils, m’éprouve et me rende témoignage. Répétez-moi souvent, bonne mère, que je suis le même pour vous, comme je suis le même au fond de mon cœur. Et puis, mère chérie, ne croyez plus que mon âme renferme pour vous aucun mystère. Elle n’en a jamais eu, chère mère si j’ai voulu laisser conclure certaines choses sans les dire, si j’ai voulu tarder à dire ce qu’on pouvait retarder, une seule