Aller au contenu

Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pensée m’a guidé, celle d’épargner à ma mère d’inutiles alarmes ; si j’ai mal réussi, j’ai été malheureux, mais non pas coupable, non pas dissimulé. Ah ! quand pourrons-nous dans l’abandon du tête-à-tête, où tout se dit et se comprend, nous expliquer l’un à l’autre ce que nous avons souffert, et passer enfin l’éponge sur cette déplorable, mais nécessaire catastrophe de ma vie Je dis déplorable, car ma mère en a souffert ; quant à moi, que m’importerait le reste ? Ma conscience et mon cœur me suffisent. Une seule cause, et elle est honorable, m’a fait quitter la voie où mes convictions d’enfance m’avaient engagé : que cette cause cesse, et j’y rentre avec joie et bonheur ; oui, chère mère, à l’instant même, à l’heure même. En attendant, quel est l’honnête homme qui ne m’approuverait et ne m’estimerait en me voyant sacrifier à ma conscience le bonheur et le charme le plus doux de ma vie ?.

Je me suis oublié, chère mère, à vous découvrir mon âme, et à peine me reste-t-il de l’espace pour vous donner des détails sur la manière dont je passe mes vacances. Elle est