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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/188

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alouettes huppées, qui viennent presque se mettre sous les pieds du voyageur, de petites tortues de ruisseau, dont l’œil est vif et doux, des cigognes à l’air pudique et grave, dépouillant toute timidité, se laissent approcher de très-près par l’homme et semblent l’appeler. En aucun pays du monde, les montagnes ne se déploient avec plus d’harmonie et n’inspirent de plus hautes pensées. Jésus semble les avoir particulièrement aimées. Les actes les plus importants de sa carrière divine se passent sur les montagnes : c’est là qu’il était le mieux inspiré[1] ; c’est là qu’il avait avec les anciens prophètes de secrets entretiens, et qu’il se montrait aux yeux de ses disciples déjà transfiguré[2].

Ce joli pays, devenu aujourd’hui, par suite de l’énorme appauvrissement que l’islamisme turc a opéré dans la vie humaine, si morne, si navrant, mais où tout ce que l’homme n’a pu détruire respire encore l’abandon, la douceur, la tendresse, surabondait, à l’époque de Jésus, de bien-être et de gaieté. Les Galiléens passaient pour énergiques, braves et laborieux[3]. Si l’on excepte Tibériade, bâtie par Antipas

  1. Matth., v, 1 ; xiv, 23 ; Luc, vi, 12.
  2. Matth., xvii, 1 et suiv. ; Marc, ix, 1 et suiv. ; Luc, ix, 28 et suiv.
  3. Jos., B. J., III, iii, 2.