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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/441

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qui se mutileraient en vue du royaume de Dieu[1]. Il était en cela conséquent avec son principe : « Si ta main ou ton pied t’est une occasion de péché, coupe-les, et jette-les loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres boiteux ou manchot dans la vie éternelle, que d’être jeté avec tes deux pieds et tes deux mains dans la géhenne. Si ton œil t’est une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux entrer borgne dans la vie éternelle, que d’avoir ses deux yeux et d’être jeté dans la géhenne[2]. » La cessation de la génération fut souvent considérée comme le signe et la condition du royaume de Dieu[3].

Jamais, on le voit, cette Église primitive n’eût formé une société durable, sans la grande variété des germes déposés par Jésus dans son enseignement. Il faudra plus d’un siècle encore pour que la vraie Église chrétienne, celle qui a converti le monde, se dégage de cette petite secte des « saints du dernier jour », et devienne un cadre applicable à la société humaine tout entière. La même chose, du reste, eut lieu dans le bouddhisme, qui ne fut fondé d’abord

  1. Matth., xix, 12.
  2. Matth., xviii, 8-9. Cf. Talm, de Babyl., Niddah, 13 b.
  3. Matth., xxii, 30 ; Marc, xii, 25 ; Luc, xx, 35 ; Évangile ébionite dit « des Égyptiens », dans Clém. d’Alex., Strom., III, 9, 13, et Clem. Rom., Epist. II, 12.