Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/494

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nommé Lazare[1] que Jésus fit sortir du tombeau[2]. Quand on sait de quelles inexactitudes, de quels coq-à-l’âne se forment les commérages d’une ville d’Orient, on ne regarde même pas comme impossible qu’un bruit de ce genre se soit répandu à Jérusalem du vivant de Jésus et ait eu pour lui des conséquences funestes.

D’assez notables indices semblent faire croire, en effet, que certaines causes provenant de Béthanie contribuèrent à hâter la mort de Jésus[3]. On est par moments tenté de supposer que la famille de Béthanie commit quelque imprudence ou tomba dans quelque excès de zèle. Peut-être l’ardent désir de fermer la bouche à ceux qui niaient outrageusement la mission divine de leur ami entraîna-t-elle ces personnes passionnées au delà de toutes les bornes. Il faut se rappeler que, dans cette ville impure et pesante de

  1. Remarquez l’agencement singulier de Jean, xi, 1-2. Lazare est d’abord introduit comme un inconnu, τὶς ἀσθενῶν Λάζαρος, puis se trouve tout à coup frère de Marie et de Marthe.
  2. Je ne doute plus que Jean, xi, 1-16, et Luc, xvi, 19-31, ne se répondent ; non que le quatrième évangéliste ait eu sous les yeux le texte du troisième, mais tous deux ont sans doute puisé à des traditions analogues. Voir l’Appendice, à la fin de ce volume, p, 487-488, 515, 517, 511, 522, 524, 525, 527, 530, 531, 532, 533, 534.
  3. Jean, xi, 46 et suiv. ; xii, 2, 9 et suiv., 17 et suiv.