Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/532

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gieux. La situation était à peu près celle des villes saintes de l’Inde sous la domination anglaise, ou bien encore ce que serait l’état de Damas, le lendemain du jour où la Syrie serait conquise par une nation européenne. Josèphe prétend (mais certes on en peut douter) que, si un Romain franchissait les stèles qui portaient des inscriptions défendant aux païens d’avancer, les Romains eux-mêmes le livraient aux Juifs pour le mettre à mort[1].

Les agents des prêtres lièrent donc Jésus et l’amenèrent au prétoire, qui était l’ancien palais d’Hérode[2], joignant la tour Antonia[3]. On était au matin du jour où l’on devait manger l’agneau pascal (vendredi, 14 de nisan = 3 avril). Les Juifs se seraient souillés en entrant dans le prétoire et n’auraient pu faire le festin sacré. Ils restèrent dehors[4]. Pilate, averti de leur présence, monta au bima[5] ou tribunal situé en plein air[6], à l’endroit qu’on nommait Gabbatha ou, en grec, Lithostrotos, à cause du carrelage qui revêtait le sol.

  1. Jos., Ant., XV, xi, 5 ; B.J., VI, ii, 4.
  2. Philon, Legatio ad Caïum, § 38 ; Jos., B. J., II, xiv, 8.
  3. À l’endroit où est encore aujourd’hui le séraï du pacha de Jérusalem.
  4. Jean, xviii, 28.
  5. Le mot grec βῆμα était passé en syro-chaldaïque.
  6. Jos., B. J., II, ix, 3 ; xiv, 8 ; Matth., xxvii, 27 ; Jean, xviii, 33.