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Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/653

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c’est ici la tradition originale, dont les membres brisés ont été arrangés par les trois synoptiques de trois manières différentes, toutes inférieures pour la vraisemblance au système du quatrième Évangile. Remarquez qu’au moment décisif, au dimanche matin, le disciple qui est censé l’auteur ne s’attribue aucune vision particulière. Un faussaire, écrivant sans souci de la tradition pour relever un chef d’école, ne se serait pas fait faute, au milieu de ce feu roulant d’apparitions que toute la tradition rapportait à ces premiers jours[1] d’en attribuer une au disciple favori, ainsi qu’on le fit pour Jacques.

Notez encore une coïncidence entre Luc (xxiv, 4) et Jean (xx, 12-13). Matthieu et Marc n’ont qu’un ange à ce moment-là. Le v. 9 est un trait de lumière. Les synoptiques sont en dehors de toute crédibilité, quand ils prétendent que Jésus avait prédit sa résurrection.

§ 43. L’apparition qui suit, chez notre auteur, c’est-à-dire celle qui a lieu devant les apôtres réunis le dimanche soir, coïncide bien avec l’énumération de Paul[2]. Mais c’est avec Luc que les concordances deviennent ici frappantes et décisives. Non-seulement l’apparition a lieu à la même date, devant le même public, mais les paroles prononcées par Jésus sont les mêmes ; la circonstance de Jésus montrant ses pieds et ses mains est légèrement transposée, mais elle se reconnaît de part et d’autre, tandis qu’elle manque dans les deux premiers synoptiques[3]. L’Évangile des Hébreux marche ici d’accord avec le troisième et le quatrième Évangile[4].

  1. I Cor., xv, 5-8.
  2. Loc. cit.
  3. Comp. Luc, xxiv, 30 et suiv., à Jean, xx, 19 et suiv.
  4. Fragment dans l’épitre de saint Ignace aux Smyrniens, 3, et dans saint Jérôme, De viris illustr., 16.