Page:Renan - Vie de Jesus, edition revue, 1895.djvu/654

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« Mais comment, direz-vous, tenir pour le récit d’un témoin oculaire un récit qui renferme de manifestes impossibilités ? Celui qui, n’admettant pas le miracle, admet l’authenticité du quatrième Évangile, n’est-il pas forcé de regarder comme une imposture l’assurance si formelle des v. 30-31 ? » Non certes. Saint Paul aussi affirme avoir vu Jésus, et cependant nous ne repoussons ni l’authenticité de la première épître aux Corinthiens, ni la véracité de saint Paul.

§ 44. Une singularité de notre Évangile, c’est que l’insufflation du Saint-Esprit se fait le soir même de la résurrection (xx, 22)[1]. Luc (Act., ii et suiv.) place cet événement après l’ascension. Mais il est remarquable néanmoins que le verset Jean, xx, 22, a son parallèle en Luc, xxiv, 49. Seulement, le contour du passage de Luc est rendu indécis, pour ne pas faire contradiction avec le récit des Actes (ii, 1 et suiv.). Ici encore, le troisième et le quatrième Évangile communiquent l’un avec l’autre par une espèce de canal secret.

§ 45. Avec tous les critiques, je finis la rédaction première du quatrième Évangile à la fin du chapitre xx. Le ch. xxi est une addition, mais une addition presque contemporaine, ou de l’auteur lui-même, ou de ses disciples. Ce chapitre renferme le récit d’une nouvelle apparition de Jésus ressuscité. Ici encore se remarquent des coïncidences importantes avec le troisième Évangile (comp. Jean, xxi, 12-13, à Luc, xxiv, 41-43), sans parler de certaines ressemblances avec l’Évangile des Hébreux[2].

§ 46. Suivent des détails assez obscurs (15 et suiv.), mais

  1. Comp. Jean, vii, 39.
  2. Saint Jérôme, De viris illustr.