follement, avec mille excentricités ridicules, affligeantes et théâtrales, — en un mot : tiburcéennes.
L’astronome dut se borner à frémir pendant les absences de son secrétaire. — Et ce qu’il eût frémi davantage, s’il avait connu que Robert possédait le moyen de tromper les Sarvants par une certaine similitude de toilette, et que pourtant son costume d’opéra-comique ne présentait aucune analogie avec l’un de ceux qu’il eût été rusé de contrefaire !
À chaque fois que Robert s’éloignait, M. Le Tellier se demandait si c’était ce soir-là qu’il ne reviendrait pas…
Et les soirs tardaient bien à revenir. Mais ils revenaient tout de même… — et revenait aussi Robert.
Cependant, le mercredi 3 juillet, à sept heures, on entama sans lui le potage.
Sa place faisait un vide dramatique entre l’aveugle et la folle.
M. Le Tellier, le docteur et sa femme s’entre-regardaient, taciturnes, lorsque le maître d’hôtel remit à l’astronome une lettre qui n’avait pas de timbre.
M. Le Tellier fronça les sourcils et devint très pâle.
— « L’écriture de Robert ! Tiens !… » dit-il d’une voix étranglée. « Voyons :
« Mon cher maître, ne m’attendez pas pour dîner. Je suis allé chez les Sarvants. À tout prix je vous donnerai des nouvelles de votre fille. Comptez sur moi. — Robert Collin[1]. »
» Le malheureux ! Il s’est fait enlever ! »
Et, s’adressant au maître d’hôtel :
— « Qui vous a donné cette lettre ? »
— « C’est M. Collin, Monsieur ; il y a huit jours. Il m’a dit comme ça que la première fois qu’il serait en retard pour dîner, quand ça ne serait que d’une seconde, qu’il fallait remettre ça à Monsieur. »
La lettre palpitait dans les doigts de M. Le Tellier :
— « Il s’est fait enlever !… Volontairement ! »
- ↑ Pièce 413.