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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/114

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RECUEIL INTIME


Douceur dont l’univers immobile est rempli,
Vous, solitude, et vous, silence, urnes d’oubli,
Merci pour le repos qui par vous me pénètre.

Dans ce calme d’une heure et dans ce court bien-être,
L’oiseau qui fit son nid dans mon cœur autrefois,
Et qui, de trop d’angoisse, avait perdu la voix,
Lui qui ne demandait plus rien à la fortune,
Voilà qu’il veut chanter, l’œil levé vers la lune.

Oh ! dis, pourquoi chanter ? Troubler la nuit, pourquoi ?
Que l’oubli te suffise, oiseau triste, endors-toi !

Sous le ciel dont la joie au monde est prodiguée,
Ton chant ne saurait pas trouver de note gaie.
Le présent s’en irait rejoindre le passé,
Et tu ressouffrirais, ô toi qui fus blessé !

En vain les astres sont comme un groupe modèle
D’amis, au même but, marchant d’un même accord.
A la tâche commune en vain toujours fidèle,
Où la veille il brillait, chacun d’eux brille encor.