Aller au contenu

Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
LA CRAINTE DU RÉVEIL


Craignons les mots ! les mots changeant, les mots sans nombre
Sont comme l’eau des lacs à l’entour des donjons,
Les léchant humblement, réfléchissant leur ombre,
Jusqu’au jour d’engloutir la pierre sous les joncs.

Lorsque l’effleurement de tes cheveux ressemble
Au frisson le plus doux des brises sur la mer,
Vers un même idéal quand nous volons ensemble,
Dans mon cœur qui renaît il n’est plus rien d’amer.

Ne me rappelle pas, en disant que tu m’aimes,
Qu’enivré seulement on peut croire à l’amour ;
En disant qu’à jamais nous resterons les mêmes,
Ne me rappelle pas qu’on peut n’aimer qu’un jour.