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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/123

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LE FLOT TENTATEUR

Ne me renvoyez pas sommeiller à loisir
Sur la rive du doute et de l’indifférence.
Faites-moi souffrir ! mais de la grande souffrance.

Houle passionnée ! océan palpitant !
Jamais je n’ai senti mon cœur frémir autant,
À vouloir pénétrer ton énigme éternelle.
Jamais tant de clarté n’éclaira ma prunelle,
Pour me guider jusqu’à la perle dans ton sein.
Sans doute c’est un jeu ; tu t’y plais à dessein,
Pour qu’au piège caché plus sûrement je tombe.
Si tel est l’avenir, achève l’hécatombe,
Et, par pitié pour moi, fais en sorte, ô vainqueur,
Sans qu’il en reste rien, d’engloutir tout mon cœur.