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Page:Renaud - Recueil intime, 1881.djvu/79

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A UNE MARTYRE DE DEMAIN

Lasse, affaiblie et triste, et toujours, dans ton sein,
Conservant cette soif d’amour ardent et saint
Que nul baiser ne désaltère ;

Que du fond d’un passé dont rien ne restera,
Mon souvenir longtemps oublié surgira,
Le front pâle, la lèvre close,
Et qu’ayant conservé sa première blancheur,
Seul il sera pour toi la berge où le pêcheur
Battu par les flots, se repose ;

Tu comprendras pourquoi, dans mon culte profond,
Je n’ai pas imité ce que les autres font,
Pourquoi, sans briser ma statue,
Avec elle j’ai fui loin du réel brutal ;
Plutôt que de tuer dans mon cœur l’idéal,
Voulant que l’idéal me tue.