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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/105

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le terme faisant fonction d’unité comme une chose en soi, à la fois distincte de tous ses modes, et ne pouvant être représentée, en cet en soi qui est son être, par aucune relation qui le définisse indépendamment de ces modes. Seulement, cette dernière théorie est une tentative d’échapper, par une relation, à l’ordre du relatif, et c’est là ce qui est incompatible avec tout caractère d’intelligibilité réelle réclamé pour la métaphysique.

Le véritable état de la question est celui-ci : une relation se pose pour la psychologie et pour la logique, entre la conscience, synthèse donnée de phénomènes mentaux, comme sujet, et quelque phénomène mental actuel comme objet ; et de même entre un corps, assemblage défini de qualités sensibles, externes, et une qualité particulière agrégée à ce corps suivant une loi physique. C’est le point de vue exact de la relation, conforme à la catégorie logique de la substance, ainsi qu’au mode psychique d’association de la qualité à la chose qualifiée. Si Hume eût été aussi bien doué de l’esprit scientifique qu’il l’était du génie de l’analyse mentale, il aurait reconnu là le postulat nécessaire d’une synthèse dont l’explication et la justification nécessiteraient l’emploi de la fonction logique même qui serait à justifier. L’intelligence ne s’explique que par l’intelligence. Ses lois fondamentales ne sont autre chose qu’elle-même, et sont une condition préalable à toute recherche possible. Les connexions dont Hume cherchait la raison lui seraient apparues comme leur raison propre, donnée dans l’entendement, et que l’entendement transporte à ses objets. La méthode scientifique des lois aurait alors été fondée en philosophie, comme pour les sciences. Kant ne l’a manquée que pour ne s’y être pas tenu en la découvrant, parce qu’au lieu de s’arrêter aux lois de