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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/107

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nulle idée ne peut signifier ce qu’elle est. Sa désignation a lieu par des relations dont on la dit le dernier terme, mais dont pas une n’enseigne ce qu’elle est à part cela. Le caractère fictif d’un tel sujet ressort clairement ; c’est la notion logique d’un rapport d’identité entre le sujet et l’attribut, dans laquelle on réalise le sujet vidé de son contenu, pendant que l’on conserve l’attribut plein, qui est la chose donnée. Traduction mathématique : A = B. B est une somme d’attributs ; A n’en possède aucun.

Si l’on cherche la vraie pensée du substantialiste, on trouvera qu’au fond, il n’entend pas opérer la séparation d’un terme nouménal vide et de ses termes qualificatifs. Il est simplement dominé par l’idée vague d’un sujet d’inhérence et d’évolution de propriétés : sujet particulier, ou sujet universel, mais en tout cas indéterminé quant à son principe, vide en acte, tout entier en puissance, auquel les phénomènes sont suspendus. Selon la méthode relativiste, au contraire, la thèse d’un être réel est celle d’un sujet défini par des qualités et des relations constitutives propres, en relation lui-même avec d’autres sujets semblablement conçus. C’est là la condition logique, indépendante de l’expérience, la condition de possibilité quant au concept seulement, le concept ne pouvant d’ailleurs point être par lui-même la preuve de l’existence.

Le passage du possible au réel, en matière de jugement et d’affirmation, est un fait ou d’expérience, ou de croyance : ceci est connu de chacun et ne réclame aucun éclaircissement quant à l’ordre pratique. Dans les questions philosophiques, certaines croyances ont le caractère de postulats moraux, à la différence des hypothèses vérifiables qui ne relèvent que de la logique et des méthodes scientifiques. La doctrine des substances n’a