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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/111

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nité invariable se posa ainsi en opposition absolue de celle de l’instabilité universelle sans aucun pur commencement, dans laquelle la philosophie ionienne trouvait, de son côté, chez Héraclite, sa forme la plus achevée.

La polémique s’institua avec une logique très nette, qui devait s’affaiblir plus tard, entre la thèse du fini et la thèse de l’infini appliquées, à la composition de la quantité dans le mouvement, afin d’examiner si le mouvement (condition de tout changement matériel) est possible. On supposait la réalité de la matière, sans distinction de l’objectif et du subjectif, de la puissance et de l’acte, et Zénon l’éléate démontrait que l’infinité des parties d’un composé dans l’étendue, supposé que ces parties existassent réellement, seraient impossibles à franchir pour un mobile : d’où l’absurdité du mouvement, dans l’hypothèse. La démonstration ne portait pas moins sur la division et l’écoulement du temps que sur la division et le parcours de l’espace ; car l’éléatisme niait toutes les sortes de divisions. La critique a souvent oublié ce point. Dans tout ce qui n’a pas de fin, la fin est impossible à atteindre, voilà la majeure de tout le raisonnement. Elle ne manque pas de clarté (XXXIX).

On peut s’étonner que deux idées non pas seulement différentes, mais dont la contradiction ressort de leurs simples énoncés, aient pu être et soient encore matière à confusion. Une quantité de grandeur indéfinie est celle à laquelle on pense comme toujours susceptible d’augmentation : l’espace, par exemple, ou le nombre, parce qu’une étendue imaginée ne peut être si grande qu’on n’en puisse imaginer une plus grande, ou un nombre déterminé être tel qu’il ne puisse être aug-