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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/134

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qualifions de quelque manière déterminée. Si nous pouvons nier, en théorie, les affirmations implicites de notre pensée à cet égard, c’est que des motifs, avoués ou secrets, nous engagent souvent à chercher les moyens de nier cela même que supposent les jugements dont l’exercice de l’intelligence est inséparable. Aussi est-ce d’examen et d’option qu’il s’agit, non de dogmatisme, dans ces problèmes de philosophie première.

Il serait juste cependant de mettre une différence de valeur entre une proposition qui s’appuie immédiatement sur le principe de contradiction, et toutes celles qui, pour la combattre, usent d’autres arguments. On a le droit de penser que le philosophe qui ne fait pas cette distinction ne regarde pas la logique comme hors de question dans le débat, ne croit pas que la logique oblige. Nous entendons appliquer à Kant cette remarque. Kant, en la première et la plus nette de ses antinomies, prouve la thèse des limites du monde dans le temps et l’espace par cette raison, que « l’infinité d’une série consiste en ce qu’elle ne peut jamais être complétée au moyen de la synthèse successive de ses termes », et que, par conséquent, la synthèse qu’on suppose effectuée, d’un côté, et l’analyse, impossible de l’autre, par hypothèse, sont deux concepts qui se contredisent. De même, dans la deuxième antinomie, où il envisage l’idée de composition matérielle (logiquement la même), Kant prouve la thèse de l’impossibilité d’existence de composés de composés sans fin, en observant que l’idée de composition implique l’idée du composant, au même titre qu’elle implique l’idée du composé, et que, en faisant abstraction de la composition, il devrait rester des composants, au lieu qu’il ne doit rien rester, s’il est vrai qu’il n’existe que des compo-