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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/135

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sés. Plus simplement, quoique moins ingénieusement, c’est dire que l’hypothèse d’une composition à la fois donnée et indéfinie, se détruit elle-même, comme celle de l’illimitation dans la première antinomie. L’idée de la composition sans terme contredit l’idée de composition. Voilà ce qui regarde les thèses dans ces deux antinomies.

Quand on examine les arguments que Kant apporte pour prouver les antithèses, auxquelles il accorde une valeur démonstrative (rationnelle) équivalente à celle des thèses, on s’aperçoit qu’ils n’opposent rien aux arguments invoqués à l’appui de celles-ci, et ne se fondent pas comme eux sur la logique, en dévoilant la contradiction dans le concept à combattre. Ils ne leur sont donc pas logiquement comparables. Le philosophe qui prétend, comme Kant, neutraliser les preuves en les opposant, quoique si diverses, pour ne pas conclure, ou, comme Hamilton, pour choisir entre elles, mais en se guidant sur des motifs qui ne relèvent pas de la logique, devrait déclarer sincèrement que, dans son opinion, le principe de contradiction ne doit pas obtenir la primauté dans les motifs de nos jugements.

Le dilemme de l’infini porte sur l’application de la logique de la quantité à l’ordre universel des phénomènes dans l’espace et dans le temps. Les rapports de l’unité au nombre, et des parties au tout, sont-ils applicables partout oh l’on peut regarder une existence réelle comme constituée, en extension ou en composition ? Telle est la question, et la formule des thèses contradictoires entre lesquelles l’option est forcée se pose en ces termes :

Ou des phénomènes peuvent, dans l’espace (actuellement), et dans le temps (passé), être donnés, réels et dis-