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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/146

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nations contraires, toutes choses égales d’ailleurs, à l’origine, et le libre arbitre n’est pas pour lui matière d’analyse.

Aristote étudia le premier le passage de la puissance à l’acte chez l’agent rationnel sollicité par des mobiles divers. Il éclaircit d’abord la condition logique de la possibilité du libre arbitre, en établissant l’accord de la notion du possible, ou futur contingent, avec le principe de contradiction. C’est un point de logique où il n’entre rien d’hypothétique. Dans la proposition : Telle chose est ou n’est pas, l’alternative cesse d’être forcée quand le temps passe au futur : Telle chose sera ou ne sera pas, parce que le jugement étant actuel, et portant sur l’avenir, il se peut (en ne sortant pas du point de vue logique) qu’il ne soit pas vrai actuellement que la chose sera, et qu’il ne soit pas vrai non plus qu’elle ne sera pas, mais que l’événement seul en doive décider ; il n’y a donc pas présentement une alternative nécessaire entre les cas mutuellement contradictoires : la proposition disjonctive est fausse.

Le libre arbitre n’est pas seulement possible, suivant Aristote, mais l’agent rationnel possède réellement la puissance des contraires : non qu’il ne se détermine toujours en conformité de ce qu’il juge dans le moment être le bien, — car en ces termes-là, la sentence de Socrate est vraie, — mais il faut distinguer entre la science générale que l’agent a de ce qui est le bien, et le jugement particulier qui préside à son acte, et qui se porte sur un bien particulier. De là, suivant Aristote, un syllogisme de l’action, dont la majeure est une proposition universelle, et la mineure une particulière, qui, si elle est juste, conduit à une conclusion conforme à la science. Mais la science qui fournit la ma-