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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/151

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nait lieu l’idée fondamentale : être maître de soi, maître de son acte. Les académiciens semblent n’être jamais parvenus tout à fait à y échapper. Ce que purent quelques-uns d’entre eux, avec peu de fruit pour la méthode et pour le progrès de leur propre école (qui devait dans la suite revenir au dogmatisme), ce fut de combattre à l’aide d’arguments sceptiques la doctrine de la certitude apodictique, en même temps que d’admettre des motifs de croire et des probabilités.

Le scepticisme académique, — pour l’appréciation duquel la critique a fait fausse route, car ce n’était nullement le pyrrhonisme, — n’empêchait pas qu’en cette école on n’accordât ordinairement aux stoïciens la certitude actuelle des futurs. On ignorait, ou on avait oublié la démonstration d’Aristote conciliant leur ambiguïté actuelle avec le principe de contradiction (XLIV). En tout cas, le philosophe Carnéade prenait dans la discussion une position indéfendable en soutenant à la fois que tout phénomène envisagé dans l’avenir est vrai ou faux dès à présent, et que néanmoins une action peut être l’effet d’une cause actuelle qui n’est pas elle-même l’effet nécessaire des causes antécédentes. Les académiciens n’étaient pas plus logiques en faisant valoir contre leurs adversaires l’argument paresseux, si souvent invoqué depuis et de tout temps dans la question, et qui est sans force.

À quoi sert de délibérer pour agir, et de se mêler des événements, s’ils sont arrêtés d’avance et ne peuvent être que ce qu’ils sont ? voilà l’argument. Le dialecticien de l’école stoïcienne, Chrysippe le réfuta en observant que, dans l’hypothèse de la nécessité, les choses ne sont pas simplement fatales mais confatales, universellement connexes et solidaires. L’agent