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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/155

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n’est pas un corps sur ce qui n’est pas un corps, ou sur ce qui en est un ; ni comment le repos et le mouvement sortent l’un de l’autre ; ni comment la cause et l’effet peuvent se composer l’un avec l’autre, soit qu’ils se suivent, soit qu’ils s’accompagnent, et qu’est-ce qui distingue l’actif du passif dans leur corrélation.

La conclusion simple qui ressort des subtilités d’Ænésidème, comme des analyses psychologiques de Hume venues 1 800 ans plus tard, c’est que nous n’avons aucune idée du rapport de causalité en dehors de l’action volontaire, qui elle-même n’a pas son efficacité expliquée ; que nous n’avons nulle connaissance, soit de perception, soit de raison, du fondement des actions empiriques, mais seulement des rapports sous lesquels elles se déploient ; enfin, que nous transportons vaguement l’idée que nous avons de notre action volontaire aux forces externes, au sujet desquelles nous ne connaissons que des lois d’interdépendance et de coordination de phénomènes.

L’intelligence ne saurait s’appliquer qu’à des relations, en matière de causalité comme de qualité ou de quantifié. La philosophie était parvenue sur plus d’un point, chez les anciens, à la décomposition des notions qui fait apercevoir ce résultat. Si ce résultat est la vérité même, il faut avouer que la méthode des sceptiques a rendu à la critique de la connaissance un service inappréciable. Mais les philosophes auxquels il est dû n’ont tiré de leurs travaux qu’une conclusion négative ; ils n’ont vu qu’un juste motif de scepticisme spéculatif dans ce qui pouvait être la découverte du principe directeur de la connaissance rationnelle, et du garde-fou des croyances. Le dogmatisme a trompé les sceptiques comme les dogmatiques. Le fantôme de