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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/156

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l’absolu a eu le double effet, selon les esprits, de les faire prétendre à la possession du savoir inaccessible, ou de leur faire nier, la connaissance possible.

XLVIII

Le conflit dans l’ère théologique. L’alexandrinisme. — Il y a autant de raisons de marquer la place morale de l’alexandrinisme au commencement de l’ère théologique de la philosophie, qu’à la fin et comme à l’aboutissement de l’ère des religions nationales, et des écoles philosophiques séparées de la religion. Les trois grandes écoles dogmatiques, la pensée hellénique tout entière, moins l’épicurisme, se sont réunies et conciliées dans la synthèse néoplatonicienne, en même temps que s’y conservaient, en s’interprétant, les croyances religieuses traditionnelles. Mais, d’un autre côté, le néoplatonisme est une doctrine d’émanation qui donnait au polythéisme une théologie et une morale, et qui, développée parallèlement à celle de la création, avec des parties de spéculation analogues (les hypostases), était destinée après sa proscription à accompagner secrètement le christianisme, et à inspirer de nombreux philosophes chrétiens jusqu’à nos jours. Cette doctrine porte certainement l’un des principaux caractères des idées religieuses qui datent dans leur ensemble des premiers siècles de notre ère.

Le conflit du libre arbitre et de l’enchaînement invariable des phénomènes subit, à l’égard de ce qu’il s’était montré au temps des débats du stoïcisme et de la Nouvelle Académie, un grand changement de termes. On peut déjà s’en apercevoir chez les stoïciens de l’époque