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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/167

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pour balancer les raisons contraires, quoique celles-ci soient les seules à arguer du principe de contradiction ; 4o sur le déterminisme, enfin, on ne saurait assigner aucune différence entre la loi de la causalité selon Kant et la raison suffisante de Leibniz, en ce qui concerne dans l’une et l’autre le cours et l’enchaînement universel des choses.

Ces deux principes signifient également qu’il n’existe partout que des séquences nécessaires, une liaison possible unique. La méthode criticiste refusait à son inventeur un droit, que le pur apriorisme prenait sans difficulté, chez Leibniz, de poser comme absolue une loi invérifiable. Kant l’a usurpé, sous prétexte d’un jugement synthétique a priori, auquel il fait dire non seulement que tout phénomène a une cause, mais en outre qu’une cause ne peut commencer avec son phénomène, ce qui mène à l’infini la rétrocession des causes. Il a ainsi nié la possibilité du libre arbitre, dans l’ordre phénoménal : jugement sommaire, dont on ne voit pas qu’il ait tenté la justification logique.

LI

Le conflit dans la philosophie moderne. Locke, Berkeley, Hume. — La source théologique du déterminisme est visible dans la philosophie aprioriste issue du cartésianisme, sans excepter l’Éthique de Spinoza. La branche empiriste de la philosophie moderne pendant l’époque correspondante n’a pas été moins acquise à la doctrine de la nécessité, par ce motif : que, prenant dans la sensation le matériel et le formel de la connaissance, et regardant l’esprit comme un simple produit de l’ex-