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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/168

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périence, le penseur ne voyait place pour aucune ambiguïté dans la formation des idées et dans leurs suites. La philosophie de Hobbes présente au plus haut degré ce caractère. Quand la méthode de l’analyse psychologique prit pied dans l’école anglaise, après la publication de l’Essai de Locke, la question du libre arbitre se présenta sur un nouveau terrain ; la nature des idées, leurs liaisons, la nécessité ou la liberté du jugement dont l’acte dépend devinrent le sujet principal de l’investigation.

Locke n’introduisit pas un changement profond dans la définition de l’esprit et dans la façon de comprendre l’ « origine des idées » quand il reconnut la réflexion comme quelque autre chose que la sensation ; car il mit en doute la distinction du fondement des phénomènes de la pensée d’avec le fondement de ceux de l’étendue et du mouvement, et ce ne fût pas l’effet chez lui d’une tendance à faire de ceux-ci une classe de ceux-là, mais tout le contraire. La question du libre arbitre offrait un sujet plus particulièrement psychologique ; Locke la discuta à plusieurs reprises, avoua ne pas bien se satisfaire lui-même, et maintint finalement une opinion opposée au libre arbitre. Il avait commencé par la prétention de réduire la liberté au pouvoir de faire ce qu’on n’est pas empêché de faire. Il accorda ensuite, concession qui eût pu paraître décisive en faveur du libre arbitre, la possibilité de suspendre le jugement et d’appeler de nouveaux motifs à l’examen, mais il n’abandonna pas la thèse de la nécessité du jugement qui précède et motive immédiatement la décision. Que fallait-il penser des jugements précédents, au cours de la délibération ?

Ou la nécessité ou la liberté du jugement final : la