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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/189

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le second cas, nous rentrons dans l’étude plus exclusivement logique de notre sujet.

La thèse déterministe a pour matière la notion de cause, suggérée à l’esprit dans la relation du conséquent à l’antécédent, partout où une succession de phénomènes est donnée. Le postulat : Tout ce qui commence d’exister a une cause, devrait, si l’attention se portait sur le rapport de succession, qu’il implique, en impliquant aussi l’idée de commencement, s’énoncer, au point de vue déterministe, en ces termes plus explicatifs : Tout phénomène a des antécédents qui renferment sa cause. C’est le sens du procès à l’infini dans toute sa simplicité, tel que Démocrite le formula, et qu’Aristote l’admit en admettant l’éternité du mouvement. On peut y faire entrer les doctrines d’évolution, quoique supposant un commencement pour chaque monde donné, quand elles envisagent une infinité d’évolutions successives.

La loi de causalité, prise en ce sens déterministe, donne lieu tout d’abord au même dilemme que la question de l’infini (XLI) : il se pose entre l’obligation d’appliquer à l’existence successive les notions de quantité et de totalité qui régissent nos idées concernant des faits déterminés, distincts, et l’opinion qui soustrait au principe de contradiction la conception du monde, quoiqu’on n’en puisse obtenir en ce cas aucune conception définie.

En ce qui touche particulièrement la cause, et non plus la succession, il faut qu’on avoue, suivant la thèse déterministe, que cette notion de cause dont on a cru reconnaître l’empire en remontant de cause en cause sans poser de commencement au cours des phénomènes, change de caractère en cet enchaînement sans fin, et n’a plus guère d’autre sens que celui du développement des