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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/211

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tionnellement telle chose qu’un quantum réel dans le continu quoique les phénomènes en offrent l’apparence. Ils demandaient comment une quantité pourrait se composer par la sommation d’éléments qui, étant eux-mêmes des quantités, ne conduisent jamais par la division à des éléments premiers réels ; et, ne trouvant pas de réponse, parce que l’hypothèse du continu en soi n’en permet point, ils regardaient comme illusoires les phénomènes de l’étendue et du mouvement. Le réalisme était la méthode qu’ils étendaient à tout ; ils l’appliquaient à l’idée de l’étendue, qu’ils voyaient empiriquement répondre à quelque chose de toujours divisible, et ils en concluaient que l’existence réelle d’une telle chose est logiquement impossible. Il aurait fallu un élément réel à multiplier, et il n’y en avait pas (VII et XXXV).

Il règne manifestement une opposition directe entre la méthode de réalisation des idées, ses applications, quel qu’en soit le sujet, et la constitution des vraies notions philosophiques de personne, ou moi, conscience et volonté, par la simple raison que ces dernières, dès qu’elles sont reconnues, se subordonnent, en prenant le titre d’uniques sujets réels, les autres, qui deviennent alors leurs modes variables et leurs formes représentatives. C’est pour cela que des idées réalisées, chez Héraclite, chez Empédocle, prenant des rôles fictifs de personnes, bannissaient des doctrines de ces philosophes, toute vraie personnalité des principes du monde, et que le Noûs d’Anaxagore, idée réalisée de l’Intelligence, et non point intelligence personnelle, a trompé les interprètes qui pensaient trouver la personne d’un dieu souverain dans ce concept qui n’était même pas celui d’un dieu démiurge (X).