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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/215

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l’incarnation. Le sens du mot personne, passant pour synonyme d’hypostase, a été laissé indéterminé. D’une autre part, il est hors de doute qu’on entend enseigner par la doctrine métaphysique de la Trinité que Dieu (entendu simplement) est une Personne : une personne dans le même sens où il est admis que Jésus-Christ est une personne, avec deux natures dont l’une est humaine. L’inintelligible se couvre du nom de mystère. Ce qui est certain, c’est que les entités divines créées par cette doctrine sont des produits de la méthode réaliste. Aucune autre méthode ne permettrait de placer dans une personne le siège de plusieurs personnes, en affrontant l’équivoque.

Prenons un autre point de vue. Il semble que les idées, en Dieu, doivent, en perdant leur signification platonicienne d’êtres en soi, se comprendre comme les modes de conscience et d’entendement dirigés par la volonté de cette personne qui est Dieu. Mais l’existence hors du temps, l’intuition des futurs en qualité de faits présents, l’absence de perceptions contingentes et l’infinité des attributs excluent les modalités mentales, relatives, muables, allant d’une détermination à une autre, sous la loi générale du rapport de sujet à objet. Ces modalités sont cependant tout ce qu’il nous est donné de connaître comme appartenant à la vie consciente d’une personne. Le dieu des chrétiens a des idées en ce sens et perçoit des phénomènes, si nous considérons la morale et le culte, les commandements et les promesses, la prière ; mais le dieu des Conciles et de l’École n’en saurait avoir ou percevoir sans contradiction, si nous consultons sa définition métaphysique. Les idées ne conviennent pas sous ce rapport à sa nature ; celles que la scolastique lui attribue restent encore