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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/228

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appris d’important sur les lois de l’intelligence, encore moins sur le fondement de l’unité de ces lois.

L’affectation que beaucoup de psychologues mettent à substituer aux problèmes généraux de leur ressort des questions mixtes, accessibles à la méthode expérimentale, et d’un intérêt philosophique très accessoire, est peut-être l’indice, chez eux, d’un matérialisme latent, et de la persistance de l’image qu’on se faisait d’une substance définissable en tarit qu’objet des sens, et qui aurait la propriété de sentir, et de composer avec des sensations des idées, sans que sa définition renfermât aucun élément en rapport avec cette propriété qu’il s’agit de lui attribuer.

Ceux des psychologues qui se classent plus décidément aujourd’hui comme idéalistes phénoménistes aboutissent d’une autre manière au réalisme, qui semblerait devoir leur être particulièrement interdit. N’admettant sous une acception générale aucune substance, et n’usant pas des termes généraux avec le sens de lois, il ne leur reste aucun moyen logique d’expliquer les synthèses de la connaissance. Mais, dans le déliement sans remède des idées, résultat de la méthode de Hume, un mot de Hume lui-même a pu les mettre sur la voie d’un certain atomisme psychologique dans lequel des atomes mentaux seraient les éléments constitutifs de l’intelligence : c’est à l’endroit du Traité de la nature humaine où ce philosophe parle, mais sans y insister, d’une espèce de l’attraction, qui, dans le monde moral, à l’instar de ce qu’une autre espèce fait dans le monde physique, opérerait les liaisons des idées les plus élémentaires immédiatement nées des impressions. Ces liaisons porteraient, non plus sur des idées en tant que modes de conscience déjà constitués, mais sur des sen-