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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/227

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La négation du monde extérieur de Berkeley prit et garda, dans cette école, une sorte de force latente, après qu’on eût mis de côté le recours à Dieu pour l’explication des sensations. L’associationnisme, à la suite des analyses de Hume, dissolvantes des notions d’esprit et de matière, s’appliqua à la recherche de la genèse des idées par les sensations, sans pouvoir remédier à l’absence de toute définition d’un sujet auteur et d’un sujet récepteur des sensations, théâtre de leurs transformations en idées. Plusieurs croyaient, d’après des raisonnements sur la perception externe, faire ressortir la réalité en soi de l’espace ; au fond, il fallait se dire que ce n’était toujours rien de plus que constater une idée : l’idée de quelque chose qui serait plus qu’une idée, si nous pouvions le connaître.

On peut à la fois ne pas nier que les phénomènes ressortissent à la pensée essentiellement, et avoir recours aux phénomènes physiologiques (encore bien que l’observation de ces phénomènes suppose la pensée) pour lui donner un sujet sensible comme support, au défaut d’un autre qui soit plus homogène à l’acte intellectuel. Les philosophes qui adoptent cette méthode croient quelquefois rester de purs psychologues. C’est une façon d’avouer, à moins de cercle vicieux, qu’ils manquent d’une notion sur la nature propre du sujet de leurs études. Le schématisme physiologique ne leur permet de représenter rien de plus que des relations entre les phénomènes rapportés à la conscience, et les modifications observables de certaines parties, dans nos organes, lesquelles ne nous apparaissent aussi qu’en des sensations, comme faits de conscience encore, par conséquent. L’étude de ces relations convient mieux au biologiste qu’au psychologue, à qui elles n’ont encore rien