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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/235

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certaine classe d’idées, celles qui concernent la figure et le mouvement local. Les stoïciens et les épicuriens prolongent le règne des deux physiques rivales jusqu’à l’avènement des grandes théologies idéalistes.

Ces théologies descendaient en leur inspiration philosophique du réalisme idéaliste, inventé dès la haute antiquité par Pythagore, grâce à une extension des idées mathématiques, appliqué par les éléates à l’idée de l’être un et absolu, étendu par Platon aux idées en soi, types éternels des phénomènes, enfin par Aristote à des causes formelles modelant la matière. C’est seulement en quelques faibles sectes antidogmatiques, que l’idéalisme, ainsi entré dans la philosophie pour y subir l’application de la méthode réaliste, comme il faisait auparavant dans la mythologie, manifesta une tendance à définir les idées exclusivement comme des modes de conscience ; mais ce ne fut point encore pour les grouper sous des lois intellectuelles et morales à reconnaître et à étudier. Les sophistes et les sceptiques ne s’attachèrent qu’à faire ressortir l’instabilité des phénomènes et l’incertitude du jugement, ils recommandèrent au sage l’abstention de la croyance, vu l’impossibilité du savoir. À un certain moment seulement, auquel il ne fut pas donné suite, quelques philosophes entrevirent une méthode rationnelle de croire. Ils passèrent pour plus sceptiques que les pyrrhoniens eux-mêmes.

Le fondement rationnel de la psychologie, la notion de la conscience comme personnelle, et condition à la fois de la pensée en général, manquait aux anciens pour toute tentative de construction des catégories de la connaissance. Aristote seul y toucha ; il posait la notion de l’essence réelle, l’individu, mais non celle de la personne et de ses attributs, si ce n’est de source empirique. Au