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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/238

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nent aujourd’hui la métaphysique au genre des cosmogonies antiques, avec d’autres images seulement, ou d’autres sortes d’abstractions, avec des hypothèses, non pas scientifiquement plus correctes, quoiqu’on le prétende, mais beaucoup moins simples et moins accessibles au commun entendement. À côté des systèmes transcendants qui se donnent pour des inductions de la physique mécanique et des sciences naturelles, nous avons le vieux matérialisme qui, tantôt sous des formes physiologiques vagues, et par l’emploi des notions réalistes de substance et de cause, tantôt avec la prétention positiviste de les éliminer, et y réussissant mal, ne cesse d’avoir ses adhérents. En dehors de ces écoles, une psychologie idéaliste considère les idées, sans en demander précisément la production à la matière, et aussi sans les rapporter à la conscience individuelle, que cependant elles impliquent, mais les traite en simples données de l’expérience par les sensations, les divise et les désagrège pour les associer ensuite, et ne parvient pas à constituer synthétiquement leur sujet logique. C’est ainsi qu’on arrive à ne pas trouver trop absurde l’hypothèse atomistique des phénomènes mentaux élémentaires dont les combinaisons formeraient des esprits, ou l’hypothèse psycho-matérialiste d’une atmosphère d’intelligence au sein de laquelle des cerveaux puiseraient et s’adapteraient avec plus ou moins de facilité la pensée (LXVI-LXVII). Ce sont autant de formes de réalisme, ou de moyens de chercher notre être propre en des objets externes, soit empiriques, soit abstraits, tandis que nous possédons en nous-mêmes le sujet, le seul immédiat et certain, qui, s’il est anéanti partout, fait partout évanouir avec lui son objet, le monde et les phénomènes.