Aller au contenu

Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans un sujet bien différent, de très nombreux philosophes soutiennent que l’indéterminisme de libre arbitre est parfaitement démontré par le fait du sentiment que l’agent a pratiquement de sa liberté. Cependant un logicien sérieux n’accordera jamais que ce sentiment soit l’équivalent d’une preuve logique de sa propre imprédétermination dans la série de phénomènes dont il fait partie.

Le défaut de logique s’ajoute réellement, chez le philosophe, au manque de liaison déductive et démonstrative entre les grands concepts, lorsque, ne pouvant manquer de reconnaître l’étendue des lois que l’entendement trouve en lui-même, dictées avant tout examen, et dont le domaine n’est pas moindre que celui de ses opérations quelles qu’elles soient, il s’autorise à en décliner l’application à certaines questions d’ordre universel. Il transporte ces questions hors des conditions et des règles imposées à l’intelligence pour son propre gouvernement. Tel est éminemment le cas en ce qui concerne les principes de relativité et de contradiction ; ils régissent forcément toutes les démarches de l’esprit dans l’application, et ce sont ceux-là mêmes cependant qui, en théorie, tantôt s’affirment, tantôt se nient, et gouvernent les propositions opposées deux à deux de nos dilemmes de la métaphysique.

Le philosophe substantialiste ne disconvient pas que des qualités et des relations ne soient nécessaires pour la constitution d’un sujet dans la pensée ; il prétend néanmoins que, toute qualité particulière ôtée, et toute relation ôtée, tel sujet demeure : un corps, un esprit dont toute idée est impossible. On n’a cependant ainsi que l’idée d’une idée qu’on ne peut pas avoir ! Et le philosophe infinitiste accorde que l’indéfini (dans le