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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/270

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nombre et dans toute quantité qui reçoit l’application du nombre) est synonyme de l’inépuisable, mais il ne laisse pas de soutenir qu’il existe un infini actuel, dans lequel cet inépuisable est épuisé. Le théologien, lui, veut faire entrer dans une seule et même notion l’inconditionnement et la personnalité, et, dans les attributs de la personne, des propriétés contradictoires, à l’égard du temps, de l’espace et de la causalité, considérés sous l’unique aspect où la conscience attache un sens à ces concepts. Toutes ces doctrines étant fondées sur la violation systématique des principes dont dépend toute démonstration possible, elles possèdent le privilège d’être logiquement irréfutables. Alors même qu’entre la thèse et l’antithèse des dilemmes la question pourrait toujours être tranchée par le principe de contradiction, il n’y aurait rien de gagné contre l’adversaire qui se met au-dessus de ce principe, — quelquefois sans l’avouer, mais non pas pour cela avec moins d’opiniâtreté.

De là vient que les adversaires de la théologie, et les théologiens hérétiques accusés de panthéisme, ont toujours senti que le personnalisme de la doctrine orthodoxe ne forme qu’une synthèse fausse avec l’inconditionnalisme et l’infinitisme, auquel on l’unit en une même nature, mais qu’ils n’ont point réussi à donner de l’incompatibilité dont ils étaient et dont leurs disciples actuels restent convaincus, une démonstration qui fût fondée sur des prémisses reçues des deux parts. Une scission logiquement irrémédiable touchant l’idée de Dieu, et par suite sur la destinée humaine, remonte aux premiers temps où, la philosophie et la religion sortant du polythéisme, les penseurs cherchèrent à concilier l’universalisme, où tendait la méthode réa-