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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/272

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des doctrines n’a pu manquer de contribuer au désordre des opinions, à une époque où les penseurs éprouvent le besoin, jadis inconnu, de tenir compte dans leurs études, afin de contrôler leurs propres idées, de toute la suite des doctrines antérieures, et des sentiments dont elles furent l’expression. L’exactitude et la précision font défaut dans l’enseignement des principes, et on ne sait plus bien ce qu’il faut croire et ce qu’il faut répudier des grands systèmes du passé. Un positivisme qui s’est beaucoup répandu, sans se donner ce nom, fait abandonner les hautes questions pour des recherches de petite portée. Ceux des philosophes qui conservent des convictions sur les points essentiels des anciennes controverses n’ont entre eux aucun lien logique ou dogmatique et ne reconnaissent d’autorité nulle part. L’autorité de l’Église, pour les personnes qui s’y rattachent, en dehors d’un clergé sans esprit et sans initiative, est toute de sentiment vague, ou d’intérêt politique. Au milieu de la dispersion des idées, on ne voit ni comment il serait possible, à moins de parvenir à quelque nouvelle institution d’autorité intellectuelle et morale, de faire accepter aux esprits une méthode commune, et de les unir dans les mêmes croyances générales, ni d’où pourrait naître cette autorité fondée sur la raison qui a été le rêve du socialisme pendant la première moitié du xixe siècle, et qu’on a beaucoup perdue de vue dans la seconde, pour ne consulter, d’un côté, que les intérêts, et, de l’autre, ne compter que sur la violence pour la réforme de l’ordre social.

L’objet que nous nous sommes proposé ici est d’ordre exclusivement logique ; notre étude des dilemmes de la métaphysique a fait ressortir l’obstacle à l’établissement d’un système de propositions liées analytique-