Aller au contenu

Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la substance universelle ; il conçoit la relation de cette substance au prédéterminisme, dont elle est le fondement, sous la forme d’une manifestation de ses propriétés nécessaires, ou d’une évolution nécessaire de ses modes, il lui donne d’ailleurs différents noms selon le service qu’il lui demande pour l’explication de l’univers.

Au point de vue de notre critique, cette substance est toujours, quoi que l’absolutiste prétende, l’abstraction réalisée du monde, en tant que chose universelle donnée en soi, ou unité infinie des causes possibles ; mais si l’on regarde l’histoire des idées, les grands dogmatiques paraissent l’entendre autrement, et c’est le terrain spéculatif où ils commencent à se diviser, et leurs divisions à se marquer, par les qualités diverses qu’ils emploient à la définition de leur premier principe. Ils lui donnent des noms qui sont censés exprimer son essence, mais dont ils ne peuvent tirer l’idée et le sens que de la connaissance de ce monde avec ses forces, avec ses êtres organiques, conscients ou inconscients, tandis que, du concept de cet être premier, il faudrait, au contraire, dans leur intention, qu’on pût déduire le monde entier des phénomènes, et les personnes. C’est le moment pour les métaphysiciens les plus profonds de recourir à l’Inconditionné comme à un principe antérieur et supérieur à toutes les qualités possibles de la substance. Ceux dont c’est la méthode au sens le plus rigoureux ferment le cycle des antithèses de nos dilemmes, en posant pour l’origine des choses le non-être absolu qu’ils identifient avec l’être absolu, ou chose sans qualités, avant le phénomène.

Tel est le procédé des grands systèmes d’émanation. Leurs auteurs n’évitent pas le reproche adressé à certaines démonstrations d’analyse mathématique pure