Aller au contenu

Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

représentation donnée, mais in rerum natura, également réalisables par l’exclusion les uns des autres. Il faut supposer une telle existence des possibles pour que tous les phénomènes entrant dans la représentation d’une personne donnée, internes ou externes qu’ils soient, ne forment pas une simple suite d’anneaux imaginairement détachés de la chaîne universelle où ils ont été de tout temps prédéterminés à apparaître. On peut donc dire que la question ainsi posée définit dans leur opposition les deux principes, le relatif et l’absolu ; car si les phénomènes sont tous et toujours invariablement liés, c’est un ordre absolu, c’est, pour mieux dire, une unité absolue qu’ils composent, tandis que le caractère d’un ordre relatif consiste en ce que les phénomènes présentent entre eux et des déliements possibles, et des déliements réels, à tels et tels endroits de leur cours formé de séries distinctes et séparables, et non pas un seul ensemble de termes qui par des rapports de rapports sans fin s’immobilisent en un faisceau unique de faits équivalent à un fait unique, éternel, dans lequel toute distinction n’est qu’apparence.

La question des bornes à reconnaître à la solidarité, à l’enchaînement unique des phénomènes pour la série intégrale des temps, est la même qu’une autre, cependant moins disputée : celle de l’existence du fini, des limites et des divisions réelles, de l’individualité réelle, soit dans la nature, soit dans les personnes, les actions et ce qui en dépend. Considérons la loi du fini, prenons-la dans son principe et à sa source supposable, aux plus bas degrés de la nature. Le monadisme, l’atomisme en son acception métaphysique, et l’indéterminisme de spontanéité dans la vie animale et au-dessous, introduisent la discontinuité dans les éléments