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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/281

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et dans les mouvements élémentaires, au lieu de l’infinité de composition et de la continuité mathématique d’action et de transmission des mouvements à travers l’espace sans bornes, que réclament les hypothèses de l’infini et du plein. Puis, passant au domaine humain, l’indéterminisme de libre arbitre constitue la plus haute individualité de la sphère de l’expérience, par le détachement mutuel des faits que, directement ou indirectement, des décisions de volonté délibérée lient et délient. Nous voilà parvenus, dans notre théorie des dilemmes, à la transition de la thèse de la liberté à la thèse du finitisme. Elle est parallèle à celle qui s’opère du déterminisme à l’infinitisme, dans le groupe des antithèses. Il y a seulement cette différence entre les deux cas, que la conclusion tirée de la régression sans terme des causes à l’infinité des phénomènes est analytique, tandis que l’inférence de la liberté à la limitation des phénomènes est une induction fondée sur un acte de conscience, un jugement posant la réalité des divisions externes en correspondance de la loi de distinction qui est une loi fondamentale des phénomènes internes.

La liberté comporte des antécédents et de nombreuses conditions qui constituent, pour tous les actes sans exception, des déterminations partielles. Ceux-là d’entre tous sont libres, qui, avant leur réalisation par un acte de volonté, n’étaient que possibles, alors que la réalisation de leurs contradictoires a été possible aussi pour cette volonté, avant son acte. Le caractère de la personnalité est constitué par l’union du sentiment de la liberté à la conscience intellectuelle de l’alternative. Il l’est pleinement, quelle que puisse être l’opinion que l’agent personnel se fait de cette liberté, qu’il croit spontanément