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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/76

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sont choses liées. La doctrine atomistique s’oppose rationnellement à l’éléatisme. Parménide avait dit que l’Être seul était, que l’introduction du non-Être marquait le caractère illusoire du phénomène ; l’atomisme eut pour principe que le non-être est ; le vide est le corrélatif du plein ; sans les interstices dans l’intérieur des corps, les corps seraient indivisibles, de même que, sans des vides entre eux, ils seraient immobiles, aucun jeu n’étant laissé pour des déplacements. L’argumentation avait de la force pour qui l’appliquait au sujet matériel en soi. La représentation des pleins de matière et des intervalles inoccupés n’a pu être attaquée sérieusement que le jour où l’étendue, sujet en soi, tant vide que pleine, a été elle-même infirmée ; et encore alors la doctrine du vide a pu se maintenir au point de vue objectif et s’imposer comme représentation. L’atomisme conserve sa légitimité et son importance pour les sciences physiques, qui n’ont pas affaire à la réalité subjective dans leurs théories, mais aux phénomènes et aux lois qui les régissent.

Après la question de l’étendue, venait pour l’atomisme la question du mouvement. C’est par une erreur qui fait tort à Démocrite, qu’on lui attribue quelquefois l’opinion de l’existence de la pesanteur comme propriété de l’atome en soi, et cause du mouvement. Il aurait donc reconnu à l’atome une qualité essentielle, contrairement à l’esprit de son système ! Ce philosophe a dû regarder les mouvements comme toujours causés par des propulsions, et les forces comme proportionnelles aux masses, les masses aux grandeurs des atomes homogènes, ou à celles des corps formés de leurs agglomérations. Tout mouvement était ainsi conçu comme l’effet d’un choc, et les pressions comme des impulsions