Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/91

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tances faisait place au pur idéalisme. En effet, si les idées auxquelles l’homme doit les formes caractéristiques de sa perception de l’étendue lui viennent par voie de communication de l’intelligible divin, qu’est-il besoin que quelque chose en soi, dont l’en soi n’a rien d’intelligible, se trouve donné de surcroît ? C’est une inutilité dans la création. La perception de l’étendue suffit pour en fournir l’objet. L’extériorité sensible est la forme imaginative attachée invariablement, d’après l’ordre de la nature, à la représentation sensible dans les mêmes circonstances.

XXXI

Les substances dans l’idéalisme. Leibniz et l’harmonie préétablie. — Le pas qui menait à l’idéalisme, dans la direction instituée par le principe cartésien en dépit de la classification dualiste, fut fait par Leibniz, qui donna une définition de l’étendue où n’entraient que des termes de représentation objective. Il est vrai que cette représentation, l’ordre des coexistants, demandait à être complétée par la mention de son caractère intuitif, sur lequel appuya plus tard l’inventeur de l’esthétique transcendantale, mais la forme imaginative ajoutée à la perception des rapports de coexistence est objective comme cette perception.

La pensée devenant l’attribut unique de tout ce dont on peut définir l’existence, on est forcé d’admettre l’unité de substance, mais seulement au sens universel, et on peut imaginer qu’en effet il n’existe point de substances individuelles, — ce serait alors un spinosisme idéaliste, — ou qu’il en existe une multitude qui